Sellerie - Quand le matériel est toxique...

Aujourd'hui, j'ai goût à vous écrire un petit article sur un sujet auquel on ne pense pas quand on évoque la naturopathie : le tissus.

C'est vrai que le travail du naturopathe, c'est principalement de faire un rééquilibrage alimentaire, énergétique et physiologique d'un individu, de lui proposer un protocole et un suivi efficace sur le long terme afin d'assurer sa bonne santé. Pourtant, c'est une approche holistique, et qui dit holistique, dit globalité. Je ne m'arrête donc pas seulement à l'état de santé de l'individu, mais je me dois de considérer l'ensemble de son mode de vie : son habitat, son type de travail et aussi son matériel.

Attention, n'allez pas penser que je suis une naturo-ostéo-saddlefitto-étho-prof....chacun son job ! Bien travailler, c'est savoir déléguer aux autres corps de métier existant, et pour chaque problème son professionnel. Je me ferai d'ailleurs un plaisir de vous rediriger vers un ostéopathe, un enseignant d'équitation, un dentiste, un ergonome de matériel équin ou encore un professionnel du développement personnel (sophrologue, etc) au besoin.

Mais comme vous l'aurez peu-être compris, le sujet d'aujourd'hui n'est pas forcément au coeur de ma pratique mais je suis convaincue qu'il influence grandement le bien-être (ou dans ce cas précis, le mal-être) de nos chevaux, et peut avoir une action directe sur certaines pathologies courantes : je parle ici des substances toxiques présentes dans les textiles.

BON, DU COUP, C'EST QUOI L'PROBLEME DES TEXTILES ?!

Avez-vous déjà réfléchi à la composition de vos propres habits ? Et aux types de colorants, assouplissants ou imperméabilisants utilisés ?

Bien souvent, la réponse à ces questions est non.

C'est drôle, car la première fois que l'on ma interpellé avec ça je me suis dit :

« Déjà que j'essaye de faire attention à ce que le tissus soit BIO et l'article fait en France (ou en Suisse, Espagne,...localement suivant ou je me trouve), si en plus je dois regarder la composition du matériel utilisé, j'suis pas prête de sortir avec des habits sur le dos...autant m'inscrire direct dans une communauté nudiste ! »

Et pourtant...cette composition, ces produits chimiques, c'est ceux qui vont être directement posés sur notre peau nue toute la journée, et ce, tout au long de notre vie. Car si on calcule, sur une vie, on passe quand même la grande majorité de notre temps avec au moins un vêtement (à part si effectivement, tu habites dans une communauté nudiste...).

Donc si on ne se pose pas cette question pour nous-même, pourquoi se la poser pour nos chevaux, n'est-ce pas ?

Et bien c'est parce qu'on évolue et on en apprend tous les jours, que notre rôle dans leur vie est de toujours faire du mieux que l'on peut... et parce que l'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne !

QUOI ?! DU POISON DANS NOS TAPIS ET NOS COUVERTURES ?

OUI, et en majuscule s'il-vous-plait.

Alors si par rapport à nous, les humains, nos chevaux ne portent pas un textile toute la journée, quand ils sont vêtus d'un tapis de selle c'est souvent pour transpirer ! Pareil pour les couvertures, qui elles, sont souvent portées 24H sur 24H par le cheval...et pour peu qu'elles ne soient pas enlevées quand les températures montent en dessus de 0 ou quand le cheval galope dans son pré, notre amie la transpiration est présente la-aussi...et qui dit transpiration, dit pores de la peau dilatés et autoroute à molécules dans le système sanguin !

Vous ne le saviez peut-être pas, mais la couleur des couvertures et des tapis de selle que vous achetez pour vos chevaux ne sont malheureusement plus issus de fleurs ou de racines, mais bien de produits chimiques et de molécules de synthèse qui sont aussi toxiques que polluants. Il en va de même pour les fixateurs et les nombreux produits imperméabilisants.

Parmi ceux que l'on retrouve malheureusement trop souvent, citons le phthalate, un assouplissent très toxique, ou encore les FTOH (alcools fluorotélométriques) qui endommagent le système endocriniens, mais aussi les PFC (composés per et polyfluorés) qui sont des hydrophobes (=imperméabilisants) répandus qui affectent le système hormonal et reproducteur, ainsi que les métaux lourds comme le cadmium, le mercure et le chrome qui, une fois accumulés dans le corps, perturbent le système nerveux.

Comme dit très justement David Santandreu (qui promeut les teintures végétales en France) dans une interview du magasine Plantes&santé n198, à la question :

« Quels sont les risques liés aux pigments de synthèse ?

Le consommateur n’est-il pas protégé des plus dangereux ? »

Il répond :

« On a supprimé certaines molécules, mais des nouvelles sont sans cesse inventées. Or beaucoup n’ont pas fait l’objet de recherches sur leur toxicité. La couleur noire, par exemple, peut-être constituée de 140 molécules de synthèse, dont le chrome et le plomb. Généralement, plus les couleurs des vêtements sont foncées et brillantes, plus ils risquent de contenir des molécules toxiques qui, au contact de la peau et de sa chaleur, peuvent migrer dans le corps via la circulation sanguine (…) »

Remarquez d'ailleurs que l'on parle de la couleur noir et brillante comme pouvant être très toxique, couleur et texture très présents à l'intérieur des couvertures des chevaux, en contact direct avec leur peau...

ON PARLE DE RISQUES POUR LA SANTE…MAIS LESQUELS ?

Comme on l’a dit, ça peut affecter le système hormonal et reproducteur. On remarque d’ailleurs que les étalons et juments ayant des problèmes de fertilité sont souvent tondus et portent une couverture H24 depuis toujours…ça pourrait être une piste à explorer ?

Le système endocrinien pouvant être touché, il est cohérent de se questionner face à toute pathologie liée à cette sphère.

On peut aussi observer des douleurs articulaires non-explicables liées aux protections.

C’est d’ailleurs de cas d’un de mes amis qui avait depuis plusieurs années des douleurs aux genoux que le médecin n’expliquait pas…Finalement il a découvert que cela venait de ses jeans ! Il a changé de marque, et plus jamais de problèmes.

Les problèmes de peau peuvent aussi être de la partie ! Certaines mycoses ou boutons sous les couvertures, une perte de poils au niveau des membres sous des protections adaptées, etc. J’ai d’ailleurs connu deux cas que je viens de citer…

Une amie a acheté des guêtres pour sa jument et a décidé de les essayer lors d’un trotting d’une heure. Au retour de la balade, horreur, elle avait perdu tous les poils sur ses canons ! Pourtant elle avait déjà un ancien modèle de ces-dites guêtres de la même taille mais d’une autre couleur…

Une autre, ayant acheté un beau tapis sur Equitalyon afin de longer son cheval avec, a découvert avec horreur une fois la première séance terminée que sa jument avait des gonfles qui étaient apparues en dessous.

ET CONCRÈTEMENT, IL EXISTE QUOI COMME SOLUTIONS ?

Malheureusement, je n'ai pas de réponse toute faite à cette question. Je dirais que pour éviter un maximum les risques de s'intoxiquer à cause des textiles, il faut changer nos habitudes de consommation.

1. Privilégiez la qualité plutôt que la quantité ! Certains parleront même de minimalisme. Il vaut mieux investir dans un bon produit que d'en acheter des dizaines de qualité moindre.

2. Mettez le prix ! Car oui, un produit fait localement, avec du tissus BIO (coton, lin, laine, etc), le moins transformé possible...ça coûte cher ! D'ou l'interêt de faire un bon investissement plutôt que plein de dépenses inutiles.

3. Préférez le sobre et le naturel ! Dans la pratique, privilégiez des textiles faits localement, issus d'agriculture/élevage biologiques, faits directement de matières premières peu transformées...par exemple des tapis en laine bouillie de couleur naturelle (soyons clairs, le rose bonbon et le vert pistache n'existent pas chez les moutons), ou d'autres avec un dessous en lin, en coton ou en une autre fibre naturelle non-traitée. Pour les couvertures, préférez la laine épaisse en contact avec la peau, plutôt que des laines-polaires colorées issues de la pétrochimie.

4. Si toutefois vous craquez pour un beau textile couleur arc-en-ciel à paillettes, passez-le à la machine à laver afin de faire dégorger un maximum de produits nocifs. C'est déja ça de moins qui passera dans l'organisme.

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Je vous laisse ici avec des articles de Greenpeace sur le sujet :

- Les dessous toxiques de la mode

- Substances toxiques dans les textiles

D'ailleurs, si vous produisez, fabriquez ou commercialisez des produits textiles équestres naturels, BIO et avec le moins de traitements possibles, n'hésitez pas à me contacter pour que j'ajoute vos coordonnées à cet article !