Et si on se mettait aux drainages ?
- Hélène Ralda
- 11 avr. 2018
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 avr. 2023
L’arrivée du printemps est annonciateur de renouveau : le soleil réapparait (au moins théoriquement), les jeunes pousses commencent à sortir de terre, les bourgeons pointent le bout de leurs nez…c’est la nature qui se réveille après une longue période de repos hivernal.
En cette période, on entend souvent parler de drainages. On en voit dans les rayons des magasins et ce mot fait les gros titres de nombreux journaux. Mais qu’est-ce qu’un drainage ? Pourquoi et comment l’utiliser pour nos chevaux, nos animaux ou même pour nous ? Nous vivons à une époque ou nous ne connaissons pas la disette, c’est même le contraire, nous vivons dans une abondance effrayante ! Le printemps qui était synonyme de jeûne et d’alimentation végétale pour l’humain est devenu la saison du lapin en chocolat, et ce même printemps qui était synonyme de diversité alimentaire pour le cheval n’en est malheureusement rien vu l’état de surpâturage des prés qui (souvent, à cause de l’intervention de l’homme) en a tué la biodiversité. Sans parler, bien entendu, des chevaux qui vivent au box à l’année, et qui connaissent souvent le printemps comme la seule saison ou ils n’ont plus de couverture avant l’été, ou on les recouvrira d’un filet de pêche pour dissuader les insectes de se poser dessus (ceci est du second degré…ou pas !).
Certains humains arrivent à avoir une hygiène de vie irréprochable en faisant le choix de s’alimenter uniquement avec des fruits et des légumes de saison, en quantité adaptée et en respectant le cycle naturel de la vie. Ces derniers appliquent le vieux dicton « que ton aliment soit ton médicament » et il est possible qu’ils n’aient pas forcément besoin de faire des drainages spécifiques car la nature les leur apporte directement.
Cependant, les animaux n’ont plus cette chance. Si pour eux la connaissance des plantes « bénéfiques » à leur organisme est une qualité innée, on la leur a enlevé cette liberté en pratiquant le surpâturage, en ayant une mauvaise gestion de prairie, en tuant les plantes adventices et en leur imposant une alimentation que l’on aura choisie…même si ils le voulaient, ils n’ont plus la possibilité de se drainer et de se réguler naturellement au fil des saisons. D’ou l’importance des drainages dans notre quotidien auprès des animaux !

LA MALADIE :
Dans toutes les médecines dites « douces », les drainages sont en relation directe avec la maladie.
En médecine traditionnelle chinoise, la maladie est le résultat du déséquilibre énergétique d’un organe ou d’un méridien. En naturopathie, c’est l’accumulation de toxines et de substances toxiques que le corps cherche à éliminer qui crée la maladie. Le corps va réagir différemment face à une accumulation de substances toxiques ou de toxines, cela va dépendre de l’individu, nous ne sommes pas égaux, certains chevaux sont plus ou moins résistants.
Il est important de différencier deux cas :
L’intoxication, quand le corps n’arrive pas à éliminer des substances toxiques et polluantes venant du milieux extérieur : vaccins, antibiotiques, molécules de synthèse, vermifuges, anti-inflammatoires, etc
L’intoxination, quand le corps n’arrive pas à éliminer les différents résidus issus de divers métabolismes internes, en d’autres termes les toxines. Par exemple la mauvaise assimilation ou dégradation des substances nutritives dues à une alimentation inadaptée, des toxines hormonales dues à un taux de stress trop élevé ou encore les différents déchets organiques causés par une maladie .
LE RÔLE DES ORGANES EMONCTOIRES :
Les organes émonctoires tiennent leur nom du latin, le mot « emungere » signifiant se moucher. Ce sont tous les organes servant de filtre ou de passoire à l’organisme afin d’en extraire les toxines et de les rejeter vers l’extérieur. Les chevaux, tout comme nous, possèdent ces cinq émonctoires : le foie (et la vésicule biliaire), les reins, les intestins, la peau et les poumons.
Dans notre quotidien, avec un oeil observateur, on constate parfois quand ces organes émonctoires travaillent un peu plus que d’habitude : le cheval qui a une urine très foncée et ammoniaquée, une transpiration plus abondante ou odorante que d’habitude, les naseaux ou les yeux qui coulent un peu…ce sont des situation normales si elles sont isolées, elles montrent juste un petit surplus de toxines à ce moment donné qui peut être du à un changement d’alimentation ou encore à un état émotionnel inhabituel.
En cas de surcharge d’un ou de plusieur de ces organes on verra apparaitre la maladie : l’appareil respiratoire exprimera son surplus en déclarant une toux ou une bronchite, des verrues vont apparaître sur la peau, l’appareil digestif s’exprimera en faisant des gazes ou de la diarrhée, le système cardio-vasculaire créera de l’insulino-résistance.
A un certain stade de surcharge, on peut tomber dans la maladie chronique et/ou récidivante comme de l’emphysème, des bronchites chroniques ou la dermite.
Il est important de considérer la maladie comme un processus normal de nettoyage du corps et non comme une accumulation de symptômes à traiter à tout prix. Supprimer le symptôme n’aidera pas à soigner la cause du problème.
Si nous prenons l’exemple d’un cheval qui se gratte (irritation cutanée) , lui mettre une crème à la cortisone va le soulager momentanément mais surtout, cela va bloquer l’émonctoire « peau » ! Le corps va donc changer d’organe émonctoire afin d’y déverses ses déchets et le cheval va se mettre à tousser (la peau sera remplacée par les poumons).
LE DRAINAGE, CA SERT A QUOI ?
Comme vous l’aurez sans doute compris, le but du drainage est de stimuler l’organe émonctoire ciblé afin d’améliorer son élimination des toxines et substances toxiques du corps. Il faut imaginer qu’un organe émonctoire est comme une passoire avec des petites mailles, certains déchets ne passeront pas à travers et vont, à plus ou moins long terme, boucher les trous. Une fois les trous bouchés l’organe ne peut plus jouer son rôle de manière efficace et on tombe dans la maladie.
Le drainage va donc aider l’organe émonctoire à éliminer les substances non-désirables qu’il a accumulé afin qu’il puisse fonctionner de manière optimale et préventive face à une nouvelle situation.
Son efficacité va dépendre de son intensité, on préconise de commencer le drainage avec une dose faible et de l’augmenter jusqu’à l’obtention du dosage recherché. En général, la durée du drainage est de 21 jours, cependant il est possible et conseillé suivant le cas de faire un drainage sur une durée discontinue de deux fois 21 jours. Il existe deux écoles : soit on effectue un drainage sur une durée d’un mois ou deux, soit on respecte le principe de l’homéopathie et on commence à diminuer les doses dès que l’on observe des effets désirables sur l’individu en respectant la fameuse règle 3-2-1 (je t’invite à lire mon article sur l’homéopathie si tu ne connais pas cette règle).
De plus, il est préférable de stimuler un organe à la fois, on préfèrera éviter de donner un drainage général au risque de fatiguer l’animal et de bouleverser son organisme d’un coup et de créer des réactions physiques et physiologies violentes, comme on dirait en équitation, attention à ne pas aller « trop vite, trop fort ».
LES DIFFERENTS TYPES DE DRAINAGES :
Il existe trois moyens principaux d’administrer des drainages : en homéopathie, en gemmothérapie (méthode de drainage développée par des médecins homéopathes) ou en phytothérapie (plante fraiche, sèche ou alcoolature). Je n’évoquerai ici que ces deux dernières méthodes.
La médecine traditionnelle chinoise travaille avec les saveurs associées aux organes. Ainsi, tout au long de l’année, un travail en préventif va être effectué au travers des différentes saveurs de l’alimentation afin de soutenir puis de drainer chaque organe durant sa période de montée et de descente énergétique. Cet aspect de la MTC étant aussi passionnant que complexe, je n’en parlerai pas ici.
Je pense qu'avec les animaux, il est primordial de se rapprocher le plus possible du naturel (des substances que leur organisme connait déjà de manière « innée »), parceque tout ce dont on a besoin se trouve dans la nature ! Il est très facile de trouver ces plantes et/ou de faire ses propres remèdes de gemmothérapie. Si toutefois vous ne trouvez pas votre bonheur en campagne, faites des recherches pour trouver des producteurs de plantes médicinales près de chez vous...ou le cas échéant, un magasin BIO !
LA TECHNIQUE DU DRAINAGE PAR DERIVATION :
On a tendance à vouloir drainer l’organe d’ou vient le problème, seulement parfois, il est plus judicieux et souvent nécessaire de drainer un organe associé afin d’obtenir un effet optimal. Il existe deux types de déchets émis par l’organisme :
Les déchets de type « cristaux » qui sont solubles dans les liquides et éliminés principalement par les reins, les glandes sudoripares et de manière secondaire par l’utérus et les poumons. Dans le cas d’un drainage de ces organes il peut être intéressant de boire beaucoup ! Les déchets étant solubles, boire une grande quantité d’eau facilite son élimination.
Les déchets type « glaires / colle » non-solubles dans le liquide, éliminés principalement par le foie/la vésicule biliaire, les intestins, les glandes sébacées et par l’utérus et les poumons. Dans ce cas-ci, un apport important en eau n’est pas nécessaire.
Voici quelques exemples :
Pour un chien présentant une bronchite (déchets type glaire/colle), il est intéressant de drainer le foie et la vésicule biliaire et non pas directement le poumon qui pourrait éliminer les déchets de manière trop violente (symptômes exacerbés et extrêmement inconfortables).

Pour parler du cas de ma jument présentant une infection cutanée avec perte de poils, peau qui pèle et assez grasse au toucher suite à un traitement antibiotique (déchets type glaires/colle), j’ai décidé d’effectuer un drainage foie/vésicule biliaire à base de Pissenlit avant d’enchainer avec un drainage cutané à base de Bardane-Pensée sauvage. Sa dermatite a disparu au bout de trois mois uniquement grâce à des drainages internes et à un coup de pouce de mélange d’huiles essentielles. Je reste cependant persuadée que les drainages ont fait le gros du travail et que même sans les huiles essentielles, le résultat aurait été le même.
A l’inverse, un problème de santé important et chronique ou récidivant à cause d’un organisme surchargé depuis des années nécessite une approche de la surface jusqu’en profondeur. Dans le cas d’une dermite par exemple, il sera intéressant de drainer en premier la peau, puis les différents organes internes les uns après les autres. Cela paraît assez logique : si on veut que des déchets profonds et très « incrustés » puissent sortir plus facilement, il faut que la sortie soit libre !
ET SI ON CAUSAIT ENERGIE DES PLANTES ?
Vous l'avez surement compris...la phytothérapie, c'est pas si simple !
Chaque plante est classée, selon son goût et son effet, comme étant froide, chaude, sèche ou humide. Ainsi, elle a un aspect énergétique qui joue un rôle très important ! Sur un animal présentant une pathologie chaude et sèche, il faudra une plante froide et humide afin de rééquilibrer son état.
Prenons un exemple concret :
Nous voulons faire une cure dépurative chez un cheval plutôt maigre, sec, aux membres froids, qui a tendance à être frileux, et présentant des muqueuses sèches. Le problème ici est que cet animal a un profil froid et sec, et que les plantes dépuratives sont de nature froides et asséchantes ! Donc si on ne se penche pas sur l'aspect énergétique des plantes, son état risque d'empirer après la cure. Ici, on préfèrera donner une plante réchauffante et humide, comme le romarin.
QUAND UTILISER UN DRAINAGE :
Les drainages sont primordiaux au bon fonctionnement de l’organisme tout au long de l’année. Chez un animal en bonne santé, cibler un drainage par saison me semble primordial pour entretenir son état.
Ils devraient aussi être utilisés comme un réflexe avant et/ou après tout traitement chimique ou période de maladie. Avant un traitement ils permettront à ce dernier d’être plus efficace, après ils aideront le corps à éliminer les substances toxiques et les toxines qui ne le seraient pas naturellement. Attention toutefois à ne pas donner un drainage à un animal très faible (par son âge ou sa maladie) car cela risquerait de surstimuler un organisme déjà fatigué...
Les drainages peuvent être à la fois préventifs et curatifs. A eux seuls ils peuvent parfois venir à bout de certaines pathologies…les seuls mots d’ordre sont patience et adaptation ! Car comme vous l'aurez compris...pour qu'un drainage fonctionne, il faut qu'il doit adapté à l'individu, et bien dosé !
Pour finir, nous parlons ici des drainages pour les organes émonctoires qui sont en quelque sorte les piliers de la bonne santé. Il faut souligner qu’il existe aussi des drainages plus spécifiques pour le système nerveux, les articulations, les tendons et ligaments, etc. A chaque problème, son (ou ses) drainage(s).
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