L'homéopathie, c'est quoi ?
- Hélène Ralda
- 29 nov. 2017
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 avr. 2023
En général, quand on parle d'homéopathie pour soigner les animaux on se confronte à plusieurs types d'opinions :
Tout d'abord, les anti-homéopathie. Ils considèrent que ces boules de sucre ne sont bonnes qu'à sucer par simple plaisir gustatif et que ceux qui les utilisent sont des hippies anti-conformistes (les mêmes fan d'etho-magie qui ont des chevaux qui vivant dehors et montés sans mors ni fers..bon, j'avoue qu'on tombe dans le gros cliché bien lourd là !).
Ensuite, il y a les sceptiques. Souvent, ils ont une vague idée de ce qu'est l'homéopathie et, même si ils n'y "croient" pas vraiment, ils ne sont pas contre le fait d'en donner de temps en temps à leurs compagnons à quatre pattes (ben oui, au pire ça n'aura pas d'effet).
Puis, on rencontre les moldus (dont j'ai fait partie pendant plusieurs années), qui regardent ces petites pilules blanches comme si elles étaient magiques, s'essaient à concocter des potions en associant certaines, et tout ça sans pour autant comprendre le pourquoi du comment ça pourrait (ou pas) fonctionner.
Pour finir on retrouve les convaincus. Certains d'entre-eux sont incollables sur le sujet, d'autres un peu moins, mais tous ont en commun qu'ils ont constaté ou vécu des résultats bluffants après la prise de ces « médicaments pas comme les autres ».
Comme vous l'aurez probablement compris, les différentes personnes (dont le court descriptif stéréotypé est, bien sûr, à prendre au second degré) que l'on a en face de soi quand on parle d'homéopathie ont des avis variés. Cependant, un point commun ressort souvent de tous les discours : la méconnaissance de cette approche médicale.
Afin de se faire son propre avis sur la question des petites pilules blanches, il est important de savoir de quoi on parle, d'ou ça vient et comment ça marche...j'ai essayé de mettre en commun mes cours et mes lectures personnelles sur le sujet afin de vous faire partager une petite synthèse de cette approche, aussi passionnante que complexe.
UN POIL D'HISTOIRE
Avant de se lancer dans une quelconque explication historique il est important de souligner l'étymologie du mot :
Homéopathie => Homéo = semblable, pathie = souffrance...c'est donc une médecine par les semblables.
Bien que le concept d'homéopathie ait évolué au fil des siècles en faisant couler beaucoup d'encre, le nom que nous allons retenir, et sur lequel nous allons nous pencher, est celui du Dr Hahnemann. Un beau jour de 1790, ce médecin de formation recyclé en traducteur d'écrits scientifiques (à l'époque, ça payait mieux), est tombé sur un ouvrage de W. Cullen, un docteur écossais qui avait rédigé des explications très confuses au sujet de l'action du quinquina, un petit arbuste originaire d'équateur, sur la fièvre des marais.
Ni une, ni deux, il décide de mener l'expérience sur lui-même, sa famille proche et ses amis (apparement ils étaient tous consentants...je dis bien "apparement"...). Il remarque qu'à dose pondérale (c'est à dire conséquente), l'écorce de cet arbre donne les mêmes symptômes que la fièvre des marais, pourtant, à dose infinitésimale, cette même écorce semble guérir les personnes atteintes de ces symptômes.
Il poursuivra ainsi ses expériences avec d'autres produits tels que le mercure, la belladone ou encore la digitale. En comparant les symptômes obtenus lors de l'ingestion de ces substances à haute dose, et la disparition de ces derniers à la prise d'une dose infime, il en arrive à la conclusion qu'il existe un parallélisme entre le pouvoir toxicologique et thérapeutique d'une même substance suivant sa quantité.
C'est ainsi que nait l'homéopathie humaine...mais pas que ! Les premières traces de l'homéopathie appliquée au cheval nous viennent de Guillaume Lux, vétérinaire-homéopathe polonais né en 1776. Depuis cette époque, des dizaines de médecins et vétérinaires ce sont intéressés à cette approche alternative, les recherches et les ouvrages ont fusé et le nombre de substances utilisées n'a cessé d'augmenter jusqu'à atteindre ~2500 (végétales, animales et minérales).
Pourtant, et malheureusement, de nos jours les vétérinaires-homéopathes sont plutôt très difficiles à trouver...
COMMENT CA MARCHE ?
L'homéopathie se base sur plusieurs concepts.
Le premier est la loi des similitudes qui s'explique en trois points :
Un individu sain qui ingère une substance X aura divers symptômes caractéristiques de de cette substance.
Un malade aura des symptômes caractéristiques de sa maladie.
Si on met en commun les symptômes d'une maladie Y et les symptômes caractéristiques donnés par l'ingestion d'une substance X, que ces derniers sont similaires, alors la substance X donnée à dose infinitésimale fera disparaitre les symptômes du malade (ce que l'on appelle la guérison).
On va donc guérir un malade en lui procurant un médicament homéopathique fait à base d'une substance qui, si elle était donnée à haute dose, ferait apparaitre les mêmes symptômes que ceux de sa maladie.
Nous avons évoqué l'exemple du quinquina mais prenons-en un autre :
Apis Mellifica est un médicament homéopathique à base de venin d'abeille. Quand une abeille nous pique on a un oedème plus ou moins gonflé, rouge, une peau qui brûle, gratte et qui peut pulser. En cas d'oedème inflammatoire semblable, qu'il soit causé par une piqure d'insecte, une blessure infectée ou une tout autre cause (chez l'animal ou chez l'homme), on va donner Apis Mellifica afin de soulager et soigner ce dernier.
Hahnemann a constaté en comparant les symptômes apparus chez différents individus sains, que tous n'avaient pas la même sensibilité aux substances. En effet, suivant l'âge, le sexe, l'immunité, le milieu de vie et beaucoup d'autres facteurs du même type, les personnes développaient de légères variantes. Par conséquent, l'observation et la connaissance minutieuse du patient sont primordiales. Le malade est avant tout un individu indissociable de son milieu, il s'agit d'une approche holistique.
Ainsi, on peut aisément comprendre que, au delà de la similitude entre les symptômes d'une pathologie et les effets indésirables causés par la substance X choisie, il faut prendre en compte la personnalité de l'individu. Dans le cas d'une même maladie, un hongre pur-sang anglais de 20 ans avec une déficience immunitaire, de nature angoissé et stressé, vivant en box et nourri au grain n'aura probablement pas le même traitement qu'une jument shire de 5 ans, de nature calme et froide, vivant en troupeau à l'extérieur toute l'année. Même deux chevaux qui paraissent semblables de prime abord (âge, race et lieu de vie similaires) auront leur propre sensibilité et manière de réagir face à un agent pathogène.

Ici aussi, prenons un exemple :
Deux chevaux présentent des rhumatismes dus à de l'arthrose. Dans le premier cas, le gardien observe que le cheval a des douleurs qui sont améliorées lors d'un mouvement continu. Le cheval marque au début du travail, et cela disparait une dizaine de minutes plus tard. Le second cheval, au contraire, voit sa douleur et sa boiterie empirer lors du mouvement. L'immobilité lui est donc bénéfique. Ici, bien que la pathologie des deux chevaux soit identique, son expression est différente, et son traitement le sera aussi.
Le choix du traitement à donner est basé sur l'observation de l'individu et de ses réactions, pas uniquement sur la maladie dont il souffre.
De plus, les homéopathes ont découvert qu'il existe quatre types de malades suivant la constitution, le tempérament et la diathèse, c'est à dire les sensibilités et prédispositions pathologiques, de l'individu. Ils sont définis à la naissance et ne changeront jamais. Il est très utile de connaitre le type du patient (bipède ou quadrupède) que l'on traite, mais cela ne constitue pas à lui seul un diagnostique. Cette connaissance permettra notamment de prendre une décision si on hésite entre deux médicaments. Je laisse le loisir aux intéressés de se renseigner sur les critères de ces différents types dans des ouvrages homéopathiques car, à eux seuls, ils mériteraient un article à part entière !
L'infinitésimal est une autre notion dont dépend l'homéopathie. C'est grâce à la dilution et à la dynamisation que des doses extrêmement faibles, non toxiques mais encore efficaces, sont créées. Hahnemann explique par rapport à cela :
« J'y suis arrivé après des expériences et des observations souvent renouvelées et celles-ci m'ont démontré que de plus grandes quantités de médicaments, même dans le cas ou elles font du bien, agissent avec plus d'intensité qu'il n'est nécessaire pour obtenir la guérison. Aussi les ai-je diminuées, et, comme j'observais toujours les mêmes effets, bien qu'à un degré moindre, je suis descendu jusqu'aux doses les plus minimes qui me paraissent bien suffisantes pour exercer une action salutaire, sans agir avec une violence capable de retarder la guérison. »
Quand on parle de dilution, il s'agit des CH écrits sur les différents contenants. On trouve facilement en commerce du 4CH, 5CH, 7CH, 9CH, 12CH, 15CH, 18CH et 30CH. A chaque niveau de similitude correspond une dilution.
Afin de choisir quelle dilution on doit prendre ou donner, il faut se baser sur la loi des similitudes. Si on divise les niveaux de similitude en trois, on pourrait faire les correspondances suivantes :
Signes locaux (ex : urines très odorantes, croute purulente) → Dilution faible (4CH ou 5CH) → Similitude élevée (beaucoup de remèdes possibles)
Signes généraux (ex : sensibilité au temps humide)→ Dilution moyenne (7CH, 9CH ou 12 CH) → Similitude moyenne (nombre restreint de remèdes)
Signes psychiques (ex : très agité, boit "nerveusement" très souvent) → Dilution haute (15CH, 18CH ou 30CH) → Similitude faible (souvent 1 seul remède)
On donnera donc une dilution moins élevée (de 5CH à 9CH) pour un cas aigu et plus élevée (de 12CH à 30CH) pour des cas de maladies chroniques ou de troubles comportementaux.
Mais, me direz vous, si on donne une dose infinitésimale, dépourvue de toxicité, et qu'il n'y a pas d'effets secondaires si on se trompe dans le dosage ou dans le choix du traitement....comment ça peut fonctionner ?!
Bien que dans le remède homéopathique il n'y ait plus la présence de la substance en elle même, il en garde un souvenir, une trace. C'est cette dernière qui va faire réagir l'organisme en le stimulant de manière très spécifique.
Prenons un exemple afin d'illustrer cette action : imaginons une radio.
Elle va uniquement pouvoir recevoir, amplifier et émettre un son de bonne qualité quand elle capte une onde avec laquelle elle est en accord. La radio est sensible à cette onde et réagit positivement pour nos oreilles. Chez un humain, ou dans notre cas un cheval, il en va de même. Le remède homéopathique va stimuler un organe qui aura une sensibilité particulière à la trace de substance, et cela entrainera une réaction, la guérison. Si il n'existe pas de sensibilité à cette substance dans l'organisme de l'animal (par exemple parce qu'on s'est planté dans notre diagnostique), alors le corps ne la captera simplement pas et elle sera éliminée de manière naturelle. Cette même explication existe en des termes physiques et chimiques que je ne maitrise pas encore (et que je ne maîtriserai peut-être jamais), je ne peux malheureusement pas vous fournir cette explication cartésienne mais vous la trouverez dans la plupart des livres d'homéopathie médicale.
A SAVOIR
L'homéopathie n'est pas toxique et ne nécessite pas la prise d'un quelconque drainage après un traitement.
Il existe différentes formes de médicaments homéopathiques : les gouttes buvables (pratiques pour les chats ou les animaux qui s'alimentent plus difficilement), les ampoules injectables (pas de bol, en France ou en Suisse il est illégal de planter une aiguille à un animal si l'on n'est pas vétérinaire diplômé) ou buvables, les comprimés et les granules (la forme la plus facile à trouver et à donner à la plupart des animaux, dont les chevaux).
Attention, afin d'avoir un effet optimal lors de la prise de granules il faudrait qu'elles se diluent au contact de la salive...comme cela est rarement possible, le plus simple est de les diluer et les dynamiser (dans l'idéal) dans de l'eau de source.
De manière générale, un cheval peut prendre entre 10 et 20 granules par jour ou entre 2 et 5 ml si il s'agit d'une solution buvable. Dès qu'une diminution des symptômes est observée, il faut espacer et diminuer la prise de médicament. On parle dans ce cas de la règle 3-2-1 : trois prises le premier jour, deux le second et une le dernier.
EN CONCLUSION
L'homéopathie est un domaine d'étude très complexe dont vous connaissez maintenant les grandes lignes. Etre homéopathe ne consiste pas à connaitre le nom de la maladie pour donner les granules correspondant, c'est une approche holistique de l'individu qui demande une grande capacité d'observation et une connaissance rigoureuse de l'anatomie, la physiologie, des différentes pathologies, de la phytothérapie et de la pharmacopée.
Pour les chevaux, et les autres animaux, les avantages sont nombreux et non négligeables : aucun effet secondaire, apétant et facile à administrer, prix peu onéreux, large spectre d'action (mental, physiologique, pathologique).
Alors, pourquoi ne pas tenter l'aventure des petites pilules blanches ?
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